Dossier « vendanges 2007 – les blancs secs »
Destination « Pavillon blanc »
Amorcées dans la joie le 12 septembre, les vendanges sur les 12 hectares de sauvignon jouissent au château Margaux d’un temps exceptionnel. Après l’été frais et maussade, ces conditions favorables sont accueillies …
comme la chance de peut-être réitérer l’exceptionnelle bouteille de Pavillon Blanc 2006, et en quantité cette fois-ci, ce qui ne gâcherait rien à la fête. On se souviendra que la récolte 2006 fut marquée au tampon de la frustration, le gel du 11 avril (comme celui du 21 avril 1991) avait eu raison de la moitié de la future récolte des sauvignons. Le résultat ne s'était pas fait attendre malgré tout sur la qualité: concentration des baies et complexité du vin. Cette année, le très perfectionné système d’aspersion d’eau – un effet d’antigel sur les bourgeons après débourrement – a rempli son rôle. 25 000 bouteilles de Pavillon Blanc environ devraient voir le jour.
Ici, perfection et excellence passent par le tri, le « très sélect »
Virefougasse, c’est le nom de la parcelle et du lieu-dit sur laquelle opère la troupe de vendangeurs expérimentés et rompus au tri des plus belles baies de sauvignon. Car ici, rien n’est laissé au hasard, statut de premier cru classé oblige mais pas seulement ! Si l’on a très vite pris l’habitude de trier les grappes sur pieds puis sur table de tri vibrante à l’arrivée au cuvier, c’est la recherche ultime d’un blanc sec épuré de tout artifice (l’arôme formaté, la saveur déséquilibrée, la lourdeur handicapante…) et élégant que l’on veut ici à l’image des deux vins rouges, Pavillon Rouge et château Margaux.
Bien que le Pavillon Blanc s’affiche sous l’appellation générique « Bordeaux Blanc », la volonté de se démarquer des autres vins de l’appellation comme des autres AOC du bordelais en blancs secs est flagrante. Pour preuve, cette année – c’est la première fois que l’on procède ainsi, effet millésime oblige – l’on n’hésite pas à ôter directement sur la grappe, avant passage sur table de tri, toutes les baies confites et passerillées. « De tels raisins sont responsables si on les laisse, d’un trop fort degré d’alcool » explique Julien Boiteau, chef de culture maison ; autant dire, la cause première d’un déséquilibre aromatique et gustatif dans un blanc que l’on bâtit « fin et complexe ». Aussi, un premier passage ou « trie » - comme dans le Sauternais – a été effectué le 12 septembre sur les baies les plus dorées. S’il faut trois, voire quatre passages, on ne rechignera pas à les faire même si cela sollicite une main d’œuvre importante et donc, un prix de la bouteille à la hauteur des efforts consentis. La perfection et la qualité en sont indéniablement à ce prix. En 2007, les sauvignons sont gorgés de soleil, pleins de promesse. Leur degré avoisinant les 15 degrés naturels (on frôle les valeurs du 2006) et leur acidité ne laissent pas planer l’ombre d’un doute : le Pavillon Blanc devrait être éblouissant.
Un été tardif et « indien » enfin au rendez-vous !
Qui l’aurait cru ? Après un été frais, humide, donc « pourri » - diront beaucoup de vacanciers basés au Nord, à l’Est, au Centre, à l’Ouest et dans le Sud-Ouest -, le temps exceptionnel du 31 août au 20 septembre (avec de très courtes et rares précipitations, sinon même anecdotiques ) a redonné le moral à la profession. Situation très attendue et tant espérée, le soleil, la sécheresse, la ventilation et les nuits fraîches ont corrigés certaines carences (pour les rouges à venir, pas toutes certainement) et permis une fin de maturation dans d’excellentes conditions. L’état sanitaire des baies est splendide, le degré et l’acidité au rendez-vous et l’expression aromatique d’une finesse rare. Arômes fins et saveur gourmande se sont nourris de températures diurnes et nocturnes très favorables à la maturation lente. « La fraîcheur des nuits - (et les journées ensoleillées sans canicule n’ont pas plombé le raisin) donne des vins nerveux, fruités et élégants » précise Julien Boiteau. C’est cette lenteur du processus qui signe l’équilibre à l’arrivée. Le sauvignon – qui souffre parfois d’inélégance quand on loupe le rendez-vous de la maturité avec lui – s’est très bien comporté dans un tel contexte. Mais précisons surtout que Virefougasse se trouve, c’est vrai, dans une zone relativement fraîche contrairement aux parcelles jouxtant le château Margaux. La nature des sols et sous-sols (graves fines, siliceuses sous matrice argileuse) et la proximité de la forêt (effet de petites brumes humides, voilà qui explique le système antigel) contribuent à ce micro-climat idéal pour le raisin blanc. Y avoir complanté du blanc, en l’occurrence du sauvignon, n’était pas le fruit du hasard, c’est évident.
Finalement.
A l'arrivée, l'équipe de Margaux signera un vin pur "davantage fruit de l'expression d'un sol que du cépage en lui-même" commentent de concert, Julien Boiteau et Paul Pontallier, Directeur général de Margaux.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération !
Crédits sujet:
Images: Frédéric LOT/Philippe SIMON - Montage: Philippe SIMON
Interview: F.L.
Article: F.L.
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