Dossier « vendanges 2007 – les liqoureux »
A la surprise générale, c’est un millésime très favorable aux liquoreux que le sauternais a récolté comme au château Closiot. Brouillard matinal, soleil généreux, nuit fraîche ici, tous les ingrédients indispensables...
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à l’élaboration du seigneur des liquoreux et notamment de l’appellation Barsac. Pour s'en convaincre, nous sommes allés sur le terrain chez Françoise Soizeau Sirot et Bernard Sirot heureux propriétaires des châteauc Closiot et Campros (une huitaine d’hectares) depuis 1988 dans un petit coin de paradis doré sur les terres de Barsac.
Des débuts difficiles pour une conclusion plus joyeuse.
La chaleur et les conditions climatiques exceptionnelles inattendues du mois d’avril n’ont pas été prorogées en été, période généralement plus propice au soleil et la chaleur et indispensable à la photosynthèse de la vigne: donc de la maturation future des raisins. Difficile dans pareille condition avec de la grisaille, de la fraîcheur et un peu de pluie d’obtenir le précieux stade rôti des baies de raisin sous l’effet du botrytis cinerea. Si le temps ne change pas, Sauternes et Barsac peuvent alors s’attendre à un millésime désastreux menacés par la pourriture aigre et donnant des vins sans profondeur ni concentration : 2000 sert de référent en la matière, une année quelconque bien trop riche en liqueur sirupeuse – chaptalisation, cryoextraction ou osmoseur inverse obligent ! - où même Yquem s’était payé le luxe de ne pas vinifier devant tant de médiocrité.
Comme le commente la propriétaire Françoise Sirot Soizeau « nous avions le moral dans les chaussettes quand l’été tardait à se manifester mais heureusement que septembre a changé la donne avec ce beau soleil miraculeux. Tous les espoirs étaient donc permis et ce millésime fut sauvé in extremis. »
Brouillard matinal et soleil en après-midi accompagnés d'une bonne ventilation ont permis au botrytis cinerea de faire patiemment son œuvre. Mais cette année, plus de tries ou de passages auront été effectués à l’opposé des deux derniers millésimes du fait d’une botrytisation moins rapide, donc plus étalée dans le temps. Seule ombre au tableau, et non des moindres pour des raisons économiques : des volumes revus très nettement à la baisse (- 25 à 30% de moins qu’en 2006). Il est une vérité, celle de ne pas vouloir chercher du volume en sauternais ; la production liquoreuse n’est pas genre à jouer l’abondance avec des rendements situés très souvent en dessous des 20 hl/ha (quand l’appellation le fixe à 25 hl/ha). Mais voilà ! 2007 a subi, sur certains des cépages, de la coulure (températures trop fraîches à la floraison) limitant naturellement les rendements futurs.
Petits rendements, prix forts?
L’offre étant potentiellement plus anecdotique cette année (dans une offre par nature moins abondante que pour les rouges et les blancs secs), il y a fort à parier que certains crus – les crus classés de Sauternes en particulier – aient une folle envie d’augmenter leurs prix. Phénomène peut-être repris à leur compte chez les autres propriétés (environ 240 châteaux non classés) bien moins représentées sur la place de Bordeaux (voir les Primeurs) mais qui pourraient trouver légitime d’augmenter un peu. Il est vrai qu’aucun millésime n’aura été aussi rarement plus coûteux à produire que 2007 si l’on se souvient du personnel (permanent et saisonnier) à pied d’œuvre notamment dès le printemps jusqu’en été : à cause de la pression cryptogamique (mildiou) et autres travaux indispensables pour avoir des raisins sains et mûrs au final.
Mais si la qualité est là, permise par des efforts – et dieu sait que les viticulteurs de Sauternes et de Barsac savent se sacrifier – 2007 devrait être plus qu’honorable chez ceux qui ont patienté avec observation. Ce millésime pourrait bien produire une liqueur gracieuse chez ceux qui ont bien jaugé la pourriture noble sans hésiter à passer et repasser plusieurs fois. La météo autorisait d’attendre sans se précipiter. Beaucoup auront commis à contrario l’erreur de ramasser à la hâte ou de ramasser trop tard sous l’effet pernicieux des traitements antibotrytis administrés à la mauvaise période et ralentissant donc le processus de botrytisation « noble ».
La patience comme art.
Parler de patience est une évidence quand on est producteur de liquoreux. Un métier à part qui ne souffre pas, sur l’échelle des productions viniques classiques, ni de facilité, ni de monotonie. Ici, l’on ne court pas après la gloire, la reconnaissance à tout prix. On souhaite simplement exprimer une passion dévorante et une véritable adoration pour la liqueur noble. Ces producteurs, d’un genre particulier, sont de véritables alchimistes pour autant qu’ils transforment de l’or (à l’image de ce jaune d’or intense des bouteilles) en vin ; à moins que cela ne soit tout le contraire en faisant des sémillons – cépage de prédilection en sauternais et dans une moindre mesure de la muscadelle – de l’or en bouteille.
Le saviez-vous?:
La propriété produit et vinifie quatre vins à la fois différents et très complémentaires dans la gamme.
Château Closiot, la cuvée "Passion de Closiot", les Premières Brumes de Closiot (AOC Barsac.)
Château Camperos (AOC Sauternes)
"Fruit de Closiot" (AOC Bordeaux blanc sec générique)
Domaine de Maingeon (AOC Cérons)
Pour en savoir plus :
Les sites officiels de la propriété:
Notre autre sujet sur cette propriété: château Closiot part 2
Vous rendre sur place: avec ou sans rendez-vous (le RV, c'est mieux)
Château Closiot
B.P. 17 - 33720 BARSAC
Tél. : 05 56 27 05 92
Fax : 05 56 27 11 06
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération !
Crédits sujet:
Images/Montage: Frédéric LOT
Interview: F.L.
Article: F.L.
Et bien voilà une personne qui donne envie d'aller visiter sa propriété.
Merci pour ce reportage, et merci Mme Sirot Soizeau pour cet accueil et ce sourire.
Rédigé par : Jean-Daniel | 18 novembre 2007 à 07:39