Dossier: Jacques Dupont & ses primeurs en vidéo – épisode 3
S'il existe des millésimes où l'issu du match des cépages est évident "tantôt année des cabernets, tantôt année des merlots..., millésime rIve gauche, millésime rive Droite", bien heureux celui qui pourrait en 2007 proclamer...
avec certitude le grand gagnant de cette rencontre.
Une logique et des scénarios déroutants en 2007.
Une fois n'est pas coutume, comme l'explique le journaliste Jacques Dupont, "c'est réellement du cas par cas cette année et impossible de trancher ou de diviser". Pas de recette toute faite ni de logique des maturités car certains cépages ont donné des résultats satisfaisants là où on ne s'y attendait pas vraiment. Le bon exemple est la plaine sableuse de Saint-Emilion d'ordinaire, dit-on, peu propice (à cause de ses sols légers et d’un enracinement superficiel de la vigne) à de très bons vins. Et bien donnant des vins bien faits et généreusement fruités. Et inversement, des scénarios décevants - selon les dates de vendanges retenues -, sur des zones habituellement propices à leur éclat. Bien sûr, cette observation n’a pas valeur de règle universelle et c'est par appellation et par propriété qu'il convient de tirer des conclusions en jouant la nuance et la prudence car 2007 est un millésime unique. Très singulier en ce sens qu'il échappe à la logique classique, pour ne pas dire ordinaire. Est-ce en raison de cet été indien et des bonnes conditions météorologiques qui se sont manifestées tardivement les trois premières semaines de septembre puis en octobre? Les raisins en sont fatalement marqués.
Terroirs et positions géographiques.
Si l'on a pu observer une qualité plus homogène sur les merlots de Pomerol - car les sols argileux sont précoces, le cépage également, et les maturités par voie de conséquence -, il n'en est rien du même cépage chez le voisin. Saint-Emilion est plus victorieux sur son cabernet Franc (le bouchet dans sa dénomination locale). Ce scénario est identique rive gauche (fief du cabernet sauvignon) où certains cabernets sauvignons (sols graveleux et couches argileuses en sous-sols) ont mieux mûri au sud (Haut-Médoc et certaines appellations communales*) qu'à l'extrême position septentrionale (le nord Médoc). Jacques Dupont a d’ailleurs son explication : « c’est dans les écarts de températures parfois infimes, de l’ordre de un ou deux degrés, que la maturité optimale ou au contraire plus superficielle s’est jouée. » Ceci expliquant des disparités qualitatives d'un cru à l'autre, parfois même d'une appellation à l'autre.
Mais les grands crus classés, ceux qui possèdent d'ordinaire les grands ou meilleurs terroirs, ont dans l'ensemble réussi ce millésime, sans en tirer toutefois des choses exceptionnelles à cause des conditions climatiques pour les rouges. Ce qui a manqué en août au raisin - absence d'insolation, donc de lumière à la vigne et au raisin dans sa phase de maturation -, est définitivement perdu, ceci valant aussi bien pour le merlot que les cabernets tel que le cabernet sauvignon.
Il est pourtant entendu que 2007 ait apparemment plus profité à ce cépage, proportionnellement au nombre de propriétés concernées par ce scénario. Mais la bonne surprise – comme on le constate dans les dégustations à base d’assemblages singuliers, vient de deux cépages à la qualité particulièrement brillante mais inattendue cette année: le Petit Verdot et la ou le Carménère. Des cépages plus ou moins tardifs aux rendements habituellement généreux mais éclatants si le vigneron, qui en possède, les vendange à la bonne date, dans le bon délai (« la fenêtre de récolte ») après les avoir conduit avec discernement tout au long du cycle végétatif. Certains échantillons ont un style parfumé original et poivré : ici, les deux cépages ont été utilisés dans des proportions particulièrement importantes; et c’est assez rare pour le dire. Le recours à ces deux cépages, en particulier le Petit Verdot, est une arme efficace à la monotonie de certains assemblages, au style parfois monocorde de certains vins ; bien qu’il serait prétentieux et cavalier de conclure à une uniformité des goûts dans la production bordelaise.
Finalement, cette année, il n'y a pas une vérité mais des vérités et c'est sur le terrain - en enquêtant dans les propriétés -, que la compréhension de ce millésime était plus que jamais possible.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Sachez consommer avec modération !
Crédits :
Images : Philippe SIMON
Montage : Frédéric LOT
Conformation : P.S.
Interview : F.L.
Article: F.L.
Remerciements spécifiques à Jacques DUPONT pour sa patience.
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